dimanche, juin 23, 2024

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Aimé Jacquet, la décision radicale

Aimé Jacquet est un homme fidèle
à ses principes. Après avoir disputé les éliminatoires sans eux, ou
presque, le sélectionneur des Bleus a décidé de se passer de David
Ginola, Jean-Pierre Papin et surtout Eric Cantona pour l’Euro 1996.
Voici le premier épisode de nos rétros avant l’Euro
2024.

La réponse est tombée un dimanche. Le 19 mai 1996, quelques
heures après la victoire d’Olivier Panis au Grand Prix de Monaco de
F1, Aimé Jacquet annonçait sa liste pour l’Euro à venir en
Angleterre. Dans celle-ci, 22 noms. Mais pas d’Eric Cantona, privé
du voyage dans sa terre d’adoption footballistique.

C’était attendu, dans la mesure où le « King » n’avait
plus été sélectionné depuis janvier 1995. Mais encore fallait-il
que Jacquet aille au bout de ses idées, ce qu’il a a fait, en
assumant sa position. « Il a été à la fois facile et
difficile à faire: facile, parce que j’ai suivi mes idées, gardé
mes convictions, parce que je me suis déterminé professionnellement
à partir des acquis, du terrain. Difficile, parce qu’en tant que
sélectionneur il faut prendre ses responsabilités, éliminer des
garçons qui ont réalisé une belle saison »
, expliquait-il
ce jour-là.

Pas Cantona, donc. Mais Jacquet, bon communicant, veut faire en
sorte que la presse ne s’attarde pas uniquement sur le cas de
l’idole de Manchester United. « Ce n’est pas le seul
absent,
justifiera-t-il, d’autres joueurs talentueux ne
sont pas là. Je pense à Paul Le Guen, à David Ginola, à Jean-Pierre
Papin, à Manu Petit, à Jean-Michel Ferri. »

Cantona, la suspension qui change tout

Pour Papin, qui sort de deux saisons pourries par les blessures
avec le Bayern Munich, la décision a été facile à prendre. Pour
Ginola, qui vient d’être élu dans l’équipe-type de Premier League
avec Newcastle, le choix est moins évident à prendre, même si
l’ancien Parisien est un solide qui n’a toujours trouvé sa place
chez les Bleus (17 sélections), au-delà de l’évident traumatisme
France-Bulgarie. Pour Cantona, la fracture a eu lieu le 25 janvier
1995 avec ce fameux coup de pied sur un spectateur, à Crystal
Palace, qui lui vaudra une suspension de neuf mois.

C’est un coup dur pour Aimé Jacquet, qui avait fait de
« Cantona » son capitaine au début de son mandat. Après
cet incident, on ne reverra plus jamais l’ancien Marseillais en
équipe de France. Puisqu’il a du faire sans lui, Jacquet a installé
de nouveaux joueurs, avec quelques matches marquants dans la
campagne des qualifications pour l’Euro 1996. On peut penser au
fameux 10-0 contre l’Azerbaïdjan à Auxerre, le premier match où
Zinedine Zidane et Youri Djorkaeff sont alignés ensemble dès le
coup d’envoi. Ou à ce succès 3-1 en Roumanie, avec encore le duo
Zidane-Djorkaeff à la création.

Jacquet a choisi ses hommes

Aimé Jacquet avait trouvé ses hommes, son équipe. Et il a décidé
de rester fidèle à ses principes, ceux qu’il a mis en place
lorsqu’il est arrivé à la tête des Bleus, après le fiasco de 1993.
« J’ai pris une décision, je l’assume, ce n’est pas
facile,
expliquera-t-il au moment de l’annonce de la liste
pour l’Euro 1996. Mais je veux mériter la confiance des gens
qui m’ont mis à ce poste, je ne veux pas décevoir les entraîneurs
avec lesquels je suis en contact régulier, je veux rester crédible
à l’égard des autres joueurs, en tenant le même langage que celui
que je tiens depuis deux ans. »

Lors de cet Euro en Angleterre, les Bleus iront jusqu’en
demi-finales, battus aux tirs au but par la République tchèque.
Mais les bases de 1998 sont posées. Sur les 22 joueurs retenus pour
le championnat d’Europe anglais, 12 seront de l’aventure deux ans
plus tard pour la Coupe du monde. Dont une bonne partie de
l’ossature de l’équipe championne du monde, et notamment cet
attelage Zidane-Dugarry, que Jacquet a préféré à Cantona, Ginola &
Co. Bien lui en a pris.

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