vendredi, juin 28, 2024

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Privilèges des fonctionnaires au Sénégal : une récupération tumultueuse après chaque alternance

Au Sénégal, la gestion des privilèges accordés aux fonctionnaires, notamment les véhicules et logements de fonction ainsi que les passeports diplomatiques, représente un défi majeur pour la bonne gouvernance. De nombreux fonctionnaires, élus ou nommés par le précédent gouvernement, montrent une réticence croissante à restituer ces avantages après la fin de leur mission.

La récente convocation de l’ancienne directrice générale de la Société télédiffusion du Sénégal (TDS), Dr Nafissatou Diouf, concernant la restitution de véhicules de fonction, relance le débat sur le rapport des Sénégalais avec le patrimoine de l’État. Bien qu’il ait été établi qu’elle n’est pas liée à un véhicule de marque Peugeot 508 enregistré à son nom, cette situation met en lumière le problème récurrent de la restitution des privilèges accordés aux fonctionnaires dans le cadre de leurs fonctions.

Ce débat n’est pas limité aux véhicules de fonction. La confiscation de passeports diplomatiques d’un précédent régime a également été un sujet de discussion public. Cette rétention des avantages de l’État entraîne souvent des dépenses supplémentaires pour l’acquisition de nouveaux biens pour les fonctionnaires entrants.

En période d’alternance démocratique, ce phénomène s’accentue, poussant parfois le nouveau régime à recourir à des mesures coercitives pour récupérer les biens de l’État. La gendarmerie nationale a récemment lancé une opération pour récupérer des véhicules de fonction encore détenus par des anciens collaborateurs du chef de l’État précédent.

Selon «Libération», la gendarmerie poursuit 100 véhicules potentiellement «dérobés» du parc automobile présidentiel, mais seulement une vingtaine ont été récupérés. Par ailleurs, Oumar Sow, ex-ministre conseiller à la présidence, a exigé le remboursement des frais d’entretien d’un véhicule de fonction qu’il utilisait pour transporter ses enfants à l’école.

Cet épisode rappelle la période post-2012 où Macky Sall, succédant à Abdoulaye Wade, a dû déployer des méthodes strictes pour récupérer les biens de l’État détenus illégitimement par des anciens fonctionnaires. Des véhicules achetés sous Wade furent redistribués à des chefs religieux, des chefs de village et des élus locaux, un acte considéré par Sall comme une tentative de Wade de s’attirer des votes. De plus, de nombreux ex-ministres et autres officiels continuaient à occuper des logements de fonction aux frais de l’État, une situation qui incita Amadou Ba, alors ministre de l’Économie et des Finances, à annoncer en 2014 que l’État ne paierait plus les frais de logement des «loueurs sans droit».

Cependant, la question persiste, les récalcitrants continuant à être un problème à chaque changement de pouvoir.

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