Le président français Emmanuel Macron a répondu à la victoire historique de l’extrême droite aux européennes dimanche par une dissolution retentissante de l’Assemblée nationale, un coup de poker qui plonge la France dans un profond flou politique.
En réaction, la Bourse de Paris chutait de 1,55% vers 12H05 GMT. « C’est vraiment atypique, on n’avait pas vu un mouvement sur le CAC 40 d’ordre politique depuis longtemps », commente auprès de l’AFP Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.
« Les élections législatives anticipées en France augmenteront l’incertitude quant à la trajectoire politique de la deuxième économie d’Europe », et notamment concernant « l’orientation budgétaire du gouvernement français », qui a déjà subi fin mai une dégradation de sa note de crédit, commente Reto Cueni, chef économiste de la banque Vontobel.
L’onde de choc se ressentait sur le marché obligataire: le taux d’intérêt des emprunts de l’Etat français à dix ans montait à 3,20%, au plus haut depuis novembre, contre 3,10% à la clôture de vendredi, et creuse l’écart avec l’équivalent allemand, qui s’établit à 2,66% vers 12H00 GMT.
Ailleurs en Europe, l’extrême droite a effectué des percées en Allemagne, en Italie, en Autriche et aux Pays-Bas, mais sans bouleverser le Parlement européen.
Francfort cédait 0,51%, Milan 0,41%, Madrid 0,50%, Amsterdam 0,22%. Au global, l’indice paneuropéen Stoxx 600 se repliait de 0,44% vers 12H00 GMT.
Moins concernée par les élections, Londres reculait de 0,22%.
« Un potentiel embouteillage à Bruxelles et l’incertitude en amont des élections en France pourrait mettre à mal l’optimisme naissant concernant l’Europe », commente les analystes de Barclays.
L’euro était lesté lundi à 12H00 GMT par le résultat des élections européennes et perdait 0,44% par rapport au dollar à 1,0754 dollar pour un euro.
De l’autre côté de l’Atlantique, les indices Nasdaq et S&P 500 devraient ouvrir proche de l’équilibre et le Dow Jones en légère baisse de 0,12%, selon leurs contrats à terme.
En Asie, Tokyo a gagné 0,92%, et Bombay a grappillé 0,20%. Hong Kong et Shanghai étaient fermées pour un jour férié.
Le principal autre événement de la semaine sera la réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) américaine. La majorité des observateurs misent sur un statu quo avant peut-être une première baisse des taux directeurs de l’institution en septembre.
Selon Franck Dixmier, responsable de la gestion obligataire chez Allianz GI, la Fed va attendre d’avoir des « convictions plus fortes sur la pérennité de la décélération de l’inflation pour entamer son cycle de baisse des taux ».
L’indice des prix à la consommation de mai aux Etats-Unis sera par ailleurs publia mercredi, juste avant le début de la réunion de la Fed.
Onde de choc en France
Les valeurs françaises sont surreprésentées dans le palmarès des pires baisses.
Les banques étaient les plus pénalisées par le contexte d’incertitudes : Société Générale chutait de 7,69%, BNP Paribas de 4,67% et Crédit Agricole de 3,59%.
Viennent ensuite les entreprises dans les secteurs des autoroutes, de l’électricité et du gaz. Les investisseurs « craignent des nationalisations, une reprise en main ou un encadrement plus strict de certaines activités », explique Alexandre Baradez.
Eiffage dégringolait de 5,46% et Vinci de 4,79%. Le gestionnaire des aéroports parisiens ADP, détenu à plus de 50% par l’Etat français, perdait 4,36%.
Engie cédait 4,13% et Veolia 3,30%.
Du côté du pétrole
Les prix du pétrole progressent vers 12H00 GMT: le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s’appréciait de 0,89%, à 80,32 dollars, et le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en juillet montait de 0,68% à 76,04 dollars.
Le bitcoin perdait 0,36% à 69.429 dollars.
© avec l’AFP
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