mardi, juillet 2, 2024

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« La France aurait dû défendre Mohamed Bazoum au Niger dans…

Plusieurs mois après le coup d’État qui a évincé du pouvoir au Niger, Mohamed Bazoum, Loup Viallet, spécialiste en économie internationale et en géopolitique africaine a laissé entendre dans une interview que la France aurait dû défendre le président déchu dans les 24 heures suivant le coup d’État.

Ci-dessous, son avis sur la question :

Quel avenir pour la région ? Les États-Unis et la France pourraient-ils s’y implanter à nouveau dans les années à venir ?

La France est toujours présente et dispose de bases au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Elle a renforcé son partenariat de défense avec le Bénin. Cependant, il ne s’agit pas de disposer d’instruments de puissance, il faut aussi savoir les utiliser. Depuis les années 2020, la succession des putschs a été dénoncée par Emmanuel Macron, mais la France a souvent adopté une posture attentiste, ce qui a nui à sa crédibilité.

Les pays voisins des États sahéliens ont besoin d’alliés solides. Beaucoup se posent des questions sur la fiabilité de l’allié français. À la suite des putschs, la France a aidé davantage la Côte d’Ivoire, le Sénégal, et le Bénin à fortifier leurs frontières et à sécuriser leurs populations. Cependant, l’absence de réaction forte suite aux putschs advenus au Mali, au Burkina et au Niger dans le début de la décennie 2020 a entamé la crédibilité française.

Si la France n’intervient pas pour stopper la progression des putschs, et derrière eux, la Russie, c’est toute la sous-région ouest-africaine qui est menacée par le chaos et les désordres sécuritaires et migratoires. Cette situation menace également les pays d’Afrique du Nord et l’Europe.

Pour y remédier, la France doit agir dès qu’un putsch se prépare. Elle aurait dû défendre Mohamed Bazoum au Niger dans les 24 heures suivant le coup d’État. Il faut également être lucide sur le sentiment anti-français, souvent instrumentalisé par la propagande russe. La France doit se comporter en allié fiable et sûr, sans craindre les critiques.

Actuellement, la Russie cherche à contrôler les frontières extérieures de l’Europe par des moyens conventionnels à l’Est et hybrides au Sud. Nous ne devons pas avoir peur de frapper lorsque c’est nécessaire.

Les rapports de force sont de plus en plus importants, et au-delà du discours de puissance, il manque une politique de puissance.

En effet, la France dispose de nombreux moyens de pression. Par exemple, les pays de l’Alliance des États du Sahel, critiques à l’égard de la France, dépendent encore du franc CFA et du marché européen.

De plus, les pays d’Afrique de l’Ouest correspondent à environ 0,5% de notre commerce extérieur : ils ont besoin de nous économiquement, alors que nous n’avons pas besoin d’eux.

Les complexes coloniaux, qui sont des artifices politiques, nous empêchent d’agir pour défendre nos intérêts, qui ne sont pas seulement nos intérêts nationaux, mais aussi les intérêts du continent européen.

Surtout, ce n’est pas en sortant du jeu africain qu’on empêchera des puissances hostiles de contrôler notre grand voisinage, qu’on réussira à juguler et à maîtriser l’immigration, ni à construire les conditions de la prospérité dans notre environnement proche.

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