À cinq jours du premier match des
Bleus à l’Euro 2024, lundi face à l’Autriche, retour sur l’édition
2000 marquée par le clash qui avait opposé Didier Deschamps au
journal L’Equipe.
Sur le terrain, Didier Deschamps a souvent été bien entouré. Que
ce soit à l’Olympique de Marseille, à la Juventus Turin, à Chelsea
ou en équipe de
France, l’ancien milieu de terrain (55 ans) a ainsi côtoyé
quelques-uns des plus grands joueurs de son époque. Une qualité
qu’il a conservée en tant que sélectionneur. Après le sacre des
Bleus à la Coupe du monde 2018, il choisit par exemple Raphaël
Raymond, un ancien journaliste de L’Equipe, pour remplacer
Philippe Tournon comme attaché de presse des Tricolores. Un choix
qui peut paraître surprenant vu le passif entre « DD » et
le quotidien sportif.
Un différend qui remonte à l’Euro 2000. Deux ans après avoir
soulevé la Coupe du monde au Stade de France, Didier Deschamps fait
de même avec le trophée de l’Euro en juillet 2000. Mais à alors 31
ans, le capitaine des Bleus sait déjà que son histoire avec la
sélection s’arrête là. Il poussera jusqu’en septembre pour recevoir
l’hommage des supporters français, mais le récupérateur tricolore
savait même avant le coup d’envoi de cet Euro en Belgique et aux
Pays-Bas que l’heure de la retraite avait sonné. Conséquence
notamment d’un article de Vincent Duluc, intitulé
« Deschamps, plus qu’un joueur » et paru dans
L’Equipe.
S’il ne tique pas à la lecture de l’article, ses proches le
convainquent qu’il s’agit d’une campagne contre lui. La réplique
est radicale: Didier Deschamps décide de ne plus parler à la presse
durant l’Euro. « Avant de partir pour Ostende, Didier
vient me voir et me dit: ‘Je ne vais pas à la presse et je n’irai
plus’. Il s’estimait abusivement victime d’une campagne de presse
orchestrée par L’Equipe, qui disait: Deschamps, ça va, mais peut
être qu’il serait temps de voir Vieira, raconte Philippe
Tournon sur France Bleu, fin 2022. J’argumente. J’essaye de le
dissuader. Il me dit: ‘Ne perds pas ton temps et ton énergie. Ma
décision est prise, je ne le ferai pas’. »
Didier Deschamps: « Je l’ai mal vécu »
Plus de vingt ans plus tard, Vincent Duluc ne comprend toujours
pas. « Je continue de ne pas savoir pourquoi il me
reproche ce papier où je disais Patrick Vieira est devenu un
meilleur joueur que lui, mais il n’y a personne qui est plus
expérimenté et plus important que lui. Il faut qu’il continue de
jouer », affirme le journaliste de L’Equipe dans
un documentaire consacré à cet Euro 2000. « Je pense que
le sens de l’article, c’était que j’étais là en tant que joueur
mais surtout pour plein d’autres choses qui n’avaient pas à voir
avec le terrain: l’influence, le leadership…, explique pour sa
part Didier Deschamps. J’avais trouvé ça pour le moins injuste,
voire blessant. Je l’avais mal vécu. »
Une phrase sortie du vestiaire achève de le convaincre. Selon
Vincent Duluc, Christophe Dugarry aurait en effet lancé:
« Deschamps est devenu un handicapé du football, sa roue
droite s’appelle Vieira et sa roue gauche s’appelle
Petit ». Des propos qui n’étonnent pas outre mesure
certains Bleus de l’époque. « Ça m’étonne pas. On en disait
tellement », dixit Fabien Barthez. « C’est du
Duga, classique », abonde Emmanuel Petit. Mais Didier
Deschamps reste convaincu que cette phrase n’est pas sortie de la
bouche de Christophe Dugarry: « C’est faux. Sûr à 100%.
Duga, il a pu faire des trucs, mais c’est pas ses formules. Je sais
comment il parle et il va pas faire des formules philosophiques.
Ça, c’est une formule de
quelqu’un qui sait bien écrire et qui utilise les mots. »
Visant encore une fois Vincent Duluc…