Dans le théâtre économique ouest-africain, un coup de théâtre vient de se jouer. La Côte d’Ivoire, longtemps considérée comme la prima donna de l’UEMOA, se voit détrônée par un rival inattendu.
Le Sénégal, tel un phénix renaissant de ses cendres, s’impose depuis six ans comme la nouvelle coqueluche des investisseurs étrangers dans la région.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, tels des juges impartiaux dans cette compétition économique. En 2023, Dakar a attiré la somme vertigineuse de 2 641 millions de dollars d’investissements directs étrangers (IDE), soit l’équivalent de 1 610 milliards de francs CFA.
Un chiffre qui donne le tournis et laisse la Côte d’Ivoire pantoise, reléguée au second rang avec ses 1 753 millions de dollars dans l’UEMOA.
Mais attention, ce ballet des milliards cache une réalité plus nuancée. Si le Sénégal brille, son éclat s’est légèrement terni avec une baisse de 9,8% de ses IDE par rapport à 2022.
La Côte d’Ivoire, quant à elle, affiche une croissance de 10% de ses investissements étrangers. Un paradoxe qui souligne la complexité de l’économie de l’UEMOA, où rien n’est jamais acquis.
Dans ce paysage en mutation, certains pays de l’Union font figure de Petit Poucet. La Guinée-Bissau, avec ses modestes 24 millions de dollars d’IDE, ou le Togo, qui malgré une croissance impressionnante de 120%, ne pèse que 34 millions de dollars, rappellent les disparités criantes au sein de l’UEMOA.
Le tableau global est mitigé. L’UEMOA dans son ensemble a vu ses flux d’IDE se contracter de 7%, passant de 7 116 à 6 635 millions de dollars.
Un recul qui souligne la vulnérabilité de la région face aux soubresauts de l’économie mondiale, entre guerre en Ukraine et incertitudes diverses.
Que faut-il en conclure ? La Côte d’Ivoire, malgré sa position de challenger, conserve des atouts majeurs.
Sa croissance positive en termes d’IDE témoigne d’une résilience et d’un potentiel qui ne demandent qu’à s’exprimer pleinement. Le pays d’Alassane Ouattara n’a pas dit son dernier mot dans cette course aux investissements.
L’UEMOA se révèle ainsi comme un échiquier économique complexe, où chaque pays joue sa partition. Entre le Sénégal qui consolide sa position de leader, la Côte d’Ivoire qui se bat pour reconquérir son trône, et les autres nations qui cherchent leur place au soleil, la région offre un spectacle économique fascinant.
Une chose est sûre : dans ce grand jeu des investissements, l’Afrique de l’Ouest reste plus que jamais une terre d’opportunités.
